Une prévention intelligente plutôt qu’une simple réparation
Personne ne peut être contre la vertu : recommander une formation complémentaire à un conducteur impliqué dans un accident devrait aller de soi. Pourtant, très peu de compagnies d’assurance exploitent aujourd’hui cette avenue pourtant porteuse de sens, tant pour la sécurité des assurés que pour la réduction des sinistres.
Dans les faits, de nombreux conducteurs au Québec n’ont jamais reçu de formation structurée — ni théorique, ni pratique.
Une génération oubliée par la formation
Historiquement, le Québec a connu des vagues de réglementation et de déréglementation en matière de cours de conduite :
- Dans les années 1990, l’obligation d’un cours a été abolie, créant un vide éducatif ;
- Ce n’est qu’en 2010, sous l’impulsion de la ministre des Transports Julie Boulet, que les cours sont redevenus obligatoires pour les nouveaux conducteurs.
Depuis, des campagnes de sensibilisation et des modifications du Code de la sécurité routière ont permis d’améliorer le bilan routier des jeunes conducteurs, notamment par des restrictions de conduite nocturne.
Mais la majorité des conducteurs plus âgés n’ont jamais bénéficié de cette formation et conduisent encore selon des habitudes acquises sans encadrement professionnel.
Rafraîchir ses connaissances : une nécessité moderne
Le Code de la sécurité routière a évolué, tout comme les véhicules modernes équipés de technologies comme :
- Freinage d’urgence assisté ;
- Détection d’angle mort ;
- Régulateurs de vitesse adaptatifs ;
- Avertisseurs de franchissement de ligne, etc.
Peu de conducteurs comprennent bien le fonctionnement — et surtout les limites — de ces aides à la conduite.
Un simple cours de rafraîchissement, après un accident, pourrait aborder des thèmes comme :
- Les mises à jour du Code de la route ;
- Les meilleures pratiques de conduite défensive ;
- Les techniques de balayage visuel aux intersections ;
- Les limites des systèmes d’assistance à la conduite.
Un réseau déjà en place, prêt à être utilisé
Le Québec est la seule juridiction en Amérique du Nord à avoir instauré un cours de conduite obligatoire, encadré par un réseau d’écoles accréditées et réglementées par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
Ce réseau pourrait rapidement être mis à contribution pour :
- Offrir des cours de rafraîchissement sur recommandation d’un assureur ;
- Sensibiliser à la prévention post-collision ;
- Réduire les risques de récidive et d’indemnisation.
Une question de volonté, pas de capacité
Certaines compagnies d’assurance offrent une police de pardon…
Pourquoi ne pas aller plus loin avec une “police qui éduque” ?
Recommander un cours théorique ou pratique de mise à jour ne devrait pas être vu comme une sanction, mais comme un outil de responsabilisation. Cela pourrait être proposé :
- En complément d’un sinistre ;
- En alternative ou appui à une hausse de prime ;
- Dans une démarche volontaire du client post-accident.
Les actuaires eux-mêmes pourraient observer une baisse des collisions, des réclamations, et des coûts globaux.
Conclusion : éduquer après l’impact, pour éviter le prochain
Les assureurs ne doivent pas uniquement réparer, mais aussi prévenir. Le Québec possède toutes les ressources humaines et pédagogiques pour proposer un véritable programme de formation d’appoint post-accident.
Pourquoi ne pas agir dès maintenant ? La solution est accessible. Il ne manque que la volonté.
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